Description
En cet hiver de février 1194 redoutable pour les hommes, pour les terres, et pour les bêtes. Henri avait rejoint les cieux il y avait déjà un long temps. Son fils fut le corloyeur de Marie sa mère, régente du comté ; Thibaut était encore en son âge de damelot.
Icelui nous guettait depuis un long temps en haut d’une colline, aux marches de Champagne. Il ne manqua pas de nous accueillir à grand renfort de brassées. Mais il n’avait que la seule hâte de nous voir départir au plus loin, et mettre ainsi plus grande distance entre nous et l’Anglois, tant le comté aurait pu être rapidement envahi par Richard et sa merdaille, mettant ainsi en difficulté un fidèle du roi Philippe. Marie ne voulait surtout pas subir dans son fief la picoree, droit de pillage légal que le roi Philippe avait accordé à Richard, condition exigée pour son retour en Angleterre sans autres vilenies qu’icelle. Comme Richard était peu enclin à tenir parole s’il nous savait encore dans la cité de Troyes, nous ne pouvions, Tristan et moi, que partager l’avis de la comtesse.
Gestes d’Armorique a été honorée d’une préface de Joël Cornette, Grand prix d’Histoire de l’Académie française.