Eclats républicains

C’est parce que j’ai voulu répondre à un défi, celui d’écrire, que je me suis décidé à le faire, suite à un échange épistolaire électronique avec un des miens petits cousins. Certains de mes amis aussi me conseillaient ardemment de le faire depuis des années. Je les remercie ici pour leur sollicitude même s’ils ne savent pas à quel point il est difficile de rassembler ce qui est épars, de jeter, de recommencer, de supprimer ou de récrire tels ou tels passages qui m’ont semblés trop longs ou insuffisamment explicites dans ce contexte particulier.

Ils sauront dorénavant, ces amis, combien je les ai voués aux gémonies, souvent à voix haute, alors que seul devant mon écran, à Lyon ou devant une page blanche, lors de mes parcours de solitude, dans les Monts du Pilat, entre Rhône et Loire, j’essaie d’exprimer, dans son acception culinaire, la substantifique moelle qui peut appeler l’attention des lecteurs qui n’en connaissent pas la motivation, ne connaissant pas l’auteur de cet opuscule.

Oui mes amis et mes amies, je vous ai voués aux gémonies mais, aujourd’hui que ce moment de rendre s’achève, je veux aussi vous remercier de l’avoir fait. Il est certains encouragements oraux qui valent tous les coups de pieds au cul !

Et j’ai nommé ce premier opuscule Eclats républicains

à la mémoire des générations passées et à celles présentes et à venir.
***

Le lecteur et la lectrice trouveront ici un aperçu de ce qu’un être humain, semblant doué de raison, en ce début de siècle obscur, peut appréhender s’il est un citoyen actif de la République.

J’aurais pu donner à ce livre le titre de Manifeste pour un clair-clair, suite à la lecture de l’article publié par Régis Debray, dans le Nouvel Observateur du 21 décembre 2006 consacré, cette semaine là, au siècle des Lumières.

Régis Debray plaide pour le clair-obscur. J’ai une certaine admiration pour les écrits de ce personnage, devenu un mythe. Je ne gloserai donc pas sur son plaidoyer. Mais, après avoir consacré plus d’une année d’écriture à la restitution des mœurs de ce monde, par le prisme du vécu, je me sens le devoir de m’interroger et de faire partager cette interrogation sur le devenir de notre société à l’aune des Lumières. On peut cheminer entre le noir et le blanc, choisir le noir ou le blanc. A un moment, on pourra également se dire qu’il est temps que la clarté se fasse.

Certes, ce siècle des Lumières a tout éclairé et rien deviné. Il n’en reste pas moins que présupposer de l’avenir avec les Lumières reste une gageure, un combat qui, aujourd’hui encore, reste le socle d’un futur autrement plus éclairant que ce que nous promettent, clercs, imams, chamans et sectateurs, laïques transcendés par le veau d’or, l’ultra libéralisme, zélateurs des idéologies les plus rétrogrades, tiers-mondistes devenus tiers-mondains à la recherche permanente du :

Ca c’est moderne coco, ça va déchirer grave sa race !,

adorateurs du catoblépas, surtout s’il les aveugle d’euros ou de dollars.

Aux actes posés par les fanatiques de tout poil, religieux, politiques, khmers verts ou roses, je dirais que le clair obscur leur va bien. Il leur va si bien, qu’ils s’en abusent pour mener leur combat de sape contre les valeurs qui cimentent notre pays depuis 1789.

Lors du colloque à l’Université Lyon II, le 9 décembre 2006, Salika Wenger, présidente des femmes parlementaires de Genève et Nawal El Saadaoui, la grande résistante égyptienne. ont rappelé que :

L’islam est merveilleux pour les dirigeants puisqu’il permet le contrôle social, politique, économique et sexuel des populations.

C’est Robert Redeker et Mohamed Sifaoui, obligés de se cacher ou d’être accompagnés par un service de sécurité,

Pour cause d’obscurité.

C’est une jeune fille oullinoise, dans la proche banlieue de Lyon, boxée et tondue par son frère, avec la  bénédiction de son père, parce qu’elle a un copain européen.

Pour cause d’obscurité.

Ce sont des comtés, dans une vingtaine d’états fédéraux américains qui, par délibération, remettent en cause les programmes scolaires relatifs à la théorie de l’évolution de Darwin. Ces politico-religieux la remplacent par la théorie créationniste chère aux intégristes chrétiens.

Pour cause d’obscurité.

Ce sont les femmes afghanes, interdites de vie par des fous de dieu, interdites de se soigner, de sortir seules dans la rue, de travailler.

Pour cause d’obscurité.

Ce sont ces mêmes fous qui iront jusqu’à interdire les cerfs-volants et les chants d’oiseaux.

Pour cause d’obscurité.

C’est le président de l’Etat le plus puissant de la planète, qui entraîne dans sa croisade contre l’Afghanistan, l’Irak et peut-être un jour l’Iran, entraînant ainsi le monde à sa perte.

Pour cause d’obscurité.

Ce sont des élites bien françaises, chantres de la déclinologie, folliculaires stipendiés par les grands groupe, à l’instar de ce qui existait déjà à la veille du dernier conflit mondial, qui font allégeance à l’Empire.

Pour cause d’obscurité.

C’est un candidat à la magistrature suprême de la République française, adorateur du veau d’or, occasionnel karchériseur de banlieues aux petits pieds. Il ira faire office de fou du roi auprès du chef suprême qui n’en demandait pas temps.

Pour cause d’obscurité.

Ce sont des édiles bien hexagonaux qui ont oublié depuis bien longtemps que la France est une république laïque. Les uns financeront à Ploërmel un monument à la gloire de Carol Wojtyla, les autres financeront, toujours sur deniers publics, la faculté catholique de Lyon, en n’omettant pas, chaque année, de se rendre en procession à la messe des échevins. Ces édiles-là ont sans doute des indulgences à acheter, comme au bon temps de l’Eglise catholique apostolique et romaine que combattait Martin Luther, pour actes de simonie.

Pour cause d’obscurité.

Plus j’écris obscurité plus de multiples cas viennent à ma mémoire de Moscou à Paris, d’Alger à Pretoria, de Riyad à Pékin, de Toronto à Santiago.

A Toronto justement, en 2005, où l’Etat de l’Ontario adopte, par le vote la possibilité de l’application de la charia dans les affaires familiales, en faveur des musulmans de cet état.

Ainsi donc, nous n’aurions d’autres choix pour vivre que dans la jungle, comme le dit le poète ? Ou tout bonnement, accepter de vivre dans le zoo ?

Circulez ! il n’y a plus rien à voir ! La fin de l’histoire est actée depuis la chute du mur de Berlin. Faites crever les autres ou crevez vous mêmes mais surtout ne pensez plus ! D’autres sont là pour ça. Enrichissez-vous, éternels muscadins de la pensée unique. Gagnez du fric comme il vous chante, on ne sera plus très regardant. Et si untel y regarde un peu trop près on l’éliminera. Crevez si cela vous chante, sous les tentes rouges des quais de la Seine mais laissez propre le pont Mirabeau pour que le pont de nos bras serve aux regards éternels, etc. Je t’en demande pardon Apollinaire !

Souscrivez aux fonds de pensions ou percevez des stock-options, touchez (coulé ?) un demi salaire minimum, mais surtout ne nous emmerdez pas avec ce que vous pensez. Penser, mon cher Edgar c’est bon pour les imbéciles !

Mais non mon cher Serge Reggiani, les loups ne sont pas entrés dans Paris, ils y sont nés ! Ou à Neuilly-sur-Seine. La vie leur a permis d’acquérir une très jolie peau d’âne de lobotomiseur. Certains sont même lobotomiseurs épistémologiques, grands savants et grands clercs de la pensée unique, à la chemise blanche ouverte sur une poitrine qui ne manque pas de souffle, épousant l’air du temps comme ils épousent des poupées Barbie.

Les loups sont nés à Paris. Et pourtant. Mais pourtant. Ici où là, se font de plus en plus entendre les voix de ceux qui se refusent d’abdiquer une parcelle de leur liberté de conscience. Ils n’ont pas forcément la poitrine glabre au vent. Ils ne courent pas l’avion entre Sarajevo et le Darfour, entre un sac de riz à l’épaule et une soirée chez la grande prêtresse du vingt heure de nos petits écrans stériles. Femme du ministre en vogue, cheveux au vent tenue débraillée, car un ministre ça devient commun et ça se fiche de la République comme de l’an quarante !

Pense au maquillage coco ou ça passe mal à l’écran !

Que dire de l’état de nos sociétés, quand le must de la pensée germanopratine est à l’écoute d’un jeune crétin issu des poubelles de la télé réalité ? Il profite du système, mais faut-il l’en blâmer ?

Qu’il est tendance de disserter sur l’économie décadente de ce monde pourri qui assiste encore trop les pauvres, tout en faisant le beau devant son patron et, bien entendu, tout en étant grassement rémunéré par une télévision publique qui a depuis des décennies oublié ses missions !

Pour compléter le tableau, ledit crétin se voit offrir un timbre à son effigie, puisqu’il est l’une des personnes favorites des français selon la ménagère de moins de cinquante ans.

A observer ces choses vues de la vie, cela me donne indubitablement l’envie de pendre Bourriquet et son âne de maître.

***

Eclats républicains

Le présent ouvrage n’est pas une chronique du temps écoulé. Je ne suis pas un diariste. S’il rassemble divers articles écrits pour le journal en ligne « Respublica », il intègre au passage des échanges épistolaires entre l’auteur et différents interlocuteurs. Le lecteur y trouvera également des lettres que j’ai adressées aux médias dont « Marianne », mais qui aujourd’hui encore sont restées sans réponses. En attendais-je d’ailleurs ?

Le lecteur comprendra que le but recherché n’est pas d’inventer l’anémélectroreculpédalicoupeventombrosoparacloucycle ; c’est déjà fait. Mais s’il trouve que le combat de la liberté de conscience, dont nos aïeuls nous ont donné l’usufruit depuis deux siècles, avant de le transmettre aux générations futures intact et enrichi, alors ce livre est aussi le sien.

Vous avez dit clair obscur ?

Et si l’on rallumait les Lumières ?

Eclats républicains – Ouvrage épuisé.

Eclats républicains

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